La théorie de la croissance exogène face à ses limites

La notion d’expansion économique perpétuelle, qui constitue le fondement de nombreuses théories économiques dominantes, apparaît de plus en plus incongrue dans un monde où les ressources sont limitées. Au cœur de cette énigme se trouve la théorie de la croissance exogène, qui postule depuis longtemps que l’expansion économique résulte de facteurs externes, tels que les progrès technologiques et l’accumulation de capital. Cette perspective, façonnée par les travaux fondamentaux d’économistes tels que Robert Solow au milieu du XXe siècle, postule que ces facteurs externes agissent comme des catalyseurs de la croissance, laissant l’environnement naturel et les limitations des ressources comme de simples arrière-pensées dans la quête de la prospérité.

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La croissance exogène est dépendante des ressources disponibles

À mesure que les économies se développent et que la population mondiale dépasse les 8 milliards d’âmes, la pression sur les ressources de la Terre devient palpable, suscitant des inquiétudes dans divers cercles universitaires et politiques. Les détracteurs de la théorie de la croissance exogène soulignent les défauts inhérents à la conception du développement économique comme indépendant des contraintes environnementales. Herman Daly, économiste écologiste, affirme que la machine à mouvement perpétuel de la croissance prônée par l’économie traditionnelle n’est pas seulement irréaliste, mais fondamentalement défectueuse, comme un véhicule qui accélère vers le bord d’une falaise et dont les jauges indiquent de manière peu sympathique qu’il faut « plus d’essence ».

Les voix qui se sont élevées en faveur d’un cadre plus durable et plus inclusif pour comprendre la croissance économique ont donné naissance à des modèles alternatifs. Une définition de la croissance exogène est disponible sur Parlorama. La théorie de la croissance endogène, par exemple, tourne le regard vers l’intérieur, suggérant que la croissance est principalement générée à l’intérieur d’une économie par des investissements dans le capital humain, l’innovation et la connaissance. Cependant, comme les lignes entre les facteurs endogènes et exogènes s’estompent, avec la reconnaissance qu’un environnement sain est intrinsèque à un développement économique durable, les théories doivent également évoluer pour encapsuler cette interaction complexe.

Les chercheurs tournent autour de vastes ensembles de données, extrayant des statistiques vitales qui brossent souvent un tableau sombre de la situation de notre planète. Une étude du Global Footprint Network indique que l’humanité utilise les ressources à un rythme 1,6 fois supérieur à ce que la Terre peut naturellement reconstituer. Ce dépassement ne signifie pas seulement l’épuisement des ressources, mais met également en évidence la vision myope à travers laquelle la théorie de la croissance exogène envisage le progrès, l’assimilant à une consommation accrue et négligeant les dommages collatéraux sur les écosystèmes.

Les théories passées doivent évoluer et s’adapter au monde d’aujourd’hui

Les points de vue des experts sur cette question convergent sur l’idée que les théories économiques d’antan doivent s’adapter ou faire face à l’obsolescence. Des économistes tels que Kate Raworth plaident pour une « économie du beignet », un modèle qui contraint l’activité économique à respecter les plafonds écologiques tout en garantissant la satisfaction des besoins humains fondamentaux. Cette approche ré-imagine le rôle de l’économie dans la société, la transformant d’un moteur autonome se dirigeant vers l’infini en un rouage d’un système plus large de bien-être planétaire.

L’histoire de l’humanité est brodée d’histoires d’innovation et d’adaptabilité, deux qualités inhérentes au changement de paradigme au-delà de la théorie de la croissance exogène. Les technologies vertes, les sources d’énergie renouvelables et les économies circulaires sont aujourd’hui plus que de simples mots à la mode ; elles constituent les éléments constitutifs d’un avenir économique viable. Les innovations dans ces domaines laissent entrevoir un échafaudage sur lequel un nouveau modèle de croissance peut être construit, un modèle qui internalise des facteurs auparavant exogènes tels que les limites des ressources et les incidences sur l’environnement.

Le progrès technologique doit s’accompagner d’une distribution juste des richesses

Cependant, au milieu de ces discussions, un autre aspect apparaît comme essentiel : l’équité avec laquelle les ressources sont distribuées et l’inclusivité de la croissance qui s’ensuit. Certains chercheurs soulignent que le progrès technologique peut exacerber les inégalités existantes si ses fruits ne sont pas partagés équitablement. Ici, les politiques et les institutions sociales prennent de l’importance, ayant pour tâche de garantir que le progrès et la prospérité ne sont pas les jardins privés de quelques privilégiés mais des biens communs partagés qui nourrissent les communautés à travers le village global.

Synthétisant la critique de la théorie de la croissance exogène et la recherche d’une voie tangible, une myriade d’institutions, des gouvernements aux organisations multinationales, canalisent leurs efforts pour recalibrer les mesures économiques. Le produit intérieur brut (PIB), l’étalon traditionnel de la réussite économique, est examiné de près, et il est suggéré d’englober des indices plus larges tels que l’indicateur de progrès véritable (IPV), qui tient compte des coûts sociaux et environnementaux.

L’élargissement de ce discours invite à examiner de plus près la relation entre les systèmes économiques et le concept de valeur. L’économie traditionnelle fait confiance aux marchés en tant que pourvoyeurs efficaces de valeur, mais l’invisibilité de la contribution de la nature dans ces modèles témoigne d’un oubli particulier. Les services environnementaux, tels que la filtration de l’eau par les zones humides et la séquestration du carbone par les forêts, n’ont pas de prix de marché, mais leur valeur est indéniable. L’intégration de ces services dans la prise de décision économique nécessite un recalibrage des valeurs sociétales afin d’apprécier le monde naturel au-delà du potentiel d’extraction marchandisé.

Faire de l’écologie un facteur prioritaire de la croissance exogène

Les efforts visant à intégrer l’économie écologique dans la pensée dominante remettent en question les hypothèses fondamentales de la théorie de la croissance exogène. Changer l’optique à travers laquelle le progrès est perçu implique de reconnaître que les économies sont des sous-systèmes du système écologique plus large – et non l’inverse. Ce changement de paradigme inaugure une approche transformatrice dans laquelle la conception des politiques, des produits et des services commence par la reconnaissance des frontières écologiques et vise des relations symbiotiques qui favorisent la résilience et la durabilité.

La collaboration transdisciplinaire apparaît comme un outil essentiel pour démanteler les silos qui ont longtemps compartimenté les connaissances. Les contributions de domaines aussi divers que l’écologie, la sociologie et l’ingénierie sont nécessaires pour forger une théorie économique ancrée dans la réalité de la richesse finie de la Terre. L’esprit de collaboration renforce l’idée que les efforts collectifs peuvent donner naissance à une économie respectueuse des contraintes planétaires.

Comprendre le rôle puissant de la culture et de l’éducation dans la culture d’une société qui valorise la durabilité devient immensément persuasif. La diffusion de nouvelles théories économiques à travers les programmes universitaires, les débats sur les politiques publiques et les canaux médiatiques influence l’esprit du temps, façonnant finalement l’opinion publique et le comportement des consommateurs. L’éducation, dans ce contexte, n’agit pas simplement comme une courroie de transmission du savoir, mais comme un creuset pour cultiver une éthique de l’intendance et de la responsabilité.

Au fur et à mesure que les discussions sur les modèles de croissance économique évoluent, le dialogue sur les structures de pouvoir et le rôle de la gouvernance s’intensifie. Des questions se posent quant à la responsabilité finale de diriger le navire dans une direction qui évitera l’effondrement écologique. Les institutions démocratiques, les organisations supranationales et les mouvements populaires jouent tous un rôle essentiel dans la formation d’un consensus social autour des valeurs et des priorités qui sous-tendent nos aspirations économiques.

Les sables mouvants de la pensée économique continuent de défier et de repousser les frontières de la compréhension. Dans la cacophonie omniprésente des données, des opinions d’experts et des récits culturels, l’appel à redéfinir le progrès en termes qui englobent les réalités écologiques prend de l’ampleur. Confrontée aux critiques de la théorie de la croissance exogène, la société se trouve à la croisée des chemins, armée de l’intelligence et des outils nécessaires pour tracer une voie vers un avenir où l’économie devient un moyen de prospérer, dans les limites généreuses mais finies de notre planète.

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